Jouer son rôle...
" Si tu prends un rôle au-dessus de tes forces, non seulement tu y fais pauvre figure, mais encore tu laisses de côté un rôle que tu aurais pu remplir. "
Epictète
A quoi ça sert de vouloir paraitre autre que ce que l'on est ?... Jouer un rôle... Bien sûr qu'on en joue tous des rôles... et ça n'est pas toujours très drôle... Nous sommes tous des comédiens, nous peaufinons nos images, nous modulons notre voix, nous changeons de costume au besoin, pour faire plus vrai, pour mieux ressentir le personnage...
Les personnes se mettent à l'abri derrière leurs personnages, protégées par les fards et maquillages qui griment l'intérieur pour masquer les petites (ou les grosses) imperfections... Un personnage, c'est parfois carricatural... A vouloir être parfait, on en tombe en démesure...
Quand le rideau retombe et que le personnage disparait, que reste-t-il ?...
Il est difficile de jouer le rôle d'un personnage avec lequel on n'aurait aucune affinité, c'est épuisant. Jouer un rôle, c'est chercher à se définir à travers des traits connus que l'on admire ou que l'on juge utilesou louables...
Nous avons tous un rôle à jouer... le nôtre. On peut être dépité de ne pas ressembler au héros que l'on aurait rêvé d'être, mais de toute façon on ne peut pas changer de personne. Autant accepter que ce que l'on est est aussi notre principal atout, et faire avec ... Quand on laisse tomber les masques, c'est toute la vie qui change de décor...
Pourquoi chercher la théâtralité quand la simplicité peut nous servir tout autant ?
Prendre un rôle au-dessus de ses forces, c'est courir le risque de ne pas y être assez convaincant, et l'approbation que l'on recherche par ce biais devient vite utopique. Ce n'est pas le tout de jouer un rôle, il faut que celui-ci paraisse naturel... sinon il comporte beaucoup plus d'inconvénients que d'avantages...
Nous avons parfois des sortes de modèles comportementaux que nous pensons devoir reproduire, sans réfléchir réellement si cela nous convient...
Nous apprenons la vie par mimétisme aussi, et tels des caméléons, nous nous adaptons aux situations en fonction des couleurs qu'on leur voit... et une chose semble certaine : il y a beaucoup de daltoniens qui s'ignorent et d'aveugles qui jouent aux voyants...
Jouer son propre rôle, c'est assumer la personnalité de sa propre personne sans tomber dans les personnalités multiples des personnages qui nous séduisent.
C'est se reconnaître le droit d'être exactement soi, même si cela veut dire ne pas être conforme aux normes du paraître...
Nous y perdons peut-être certains avantages superficiels que le jeu permet, mais nous y gagnons en profondeur, et nous y sommes plus stables sur nos pieds, la colonne bien droite, inutile de se grandir ou de se courber, garder sa propre hauteur...
La vie est une aventure aux accents de comédie de boulevard de temps à autre... tantôt dans la lumière, tantôt dans l'ombre, nous jouons un jeu dont nous ne connaissons pas toujours très bien les règles.
Comme pour tous les jeux de sociétés, les tricheurs, les mauvais perdants, les baratineurs, les vantards, les "petits", les imbus d'eux-mêmes... rendent la partie pénible, mais comme on dit : l'essentiel, c'est de participer...
Nous pouvons être des comédiens à la hauteur de notre aspiration, en acceptant d'investir un personnage inédit jusque là, un rôle sur mesure puisqu'il puise son énergie dans nos désirs et nos besoins personnels, plutôt que de se gorger de ceux présumés des autres...
Nous méritons tout aussi bien qu'un comédien qui prend corps dans un personnage imaginaire, nos molières d'interprétation quand on exploite nos richesses intérieures.
L'effort de s'interpréter sans mise en scène apporte aussi son lot de bonheur, parce que nous pouvons nous y sentir à notre juste place...
Ni trop haut, ni trop bas... juste au plus près de soi... ...
... / LW...